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Livre sur la DGSI: procès ordonné pour un journaliste et deux ex-policiers
information fournie par AFP 26/09/2025 à 17:04

Auteur en 2019 d'un livre sur la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le journaliste Alex Jordanov a été renvoyé en correctionnelle pour des atteintes au secret défense ( POOL / STEPHANE DE SAKUTIN )

Auteur en 2019 d'un livre sur la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le journaliste Alex Jordanov a été renvoyé en correctionnelle pour des atteintes au secret défense ( POOL / STEPHANE DE SAKUTIN )

Auteur en 2019 d'un livre sur la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le journaliste Alex Jordanov a été renvoyé en correctionnelle pour des atteintes au secret défense, tout comme deux ex-policiers présentés comme ses sources.

Selon l'ordonnance de renvoi du 10 septembre dont l'AFP a eu connaissance vendredi, Alex Jordanov, 66 ans, et les deux anciens policiers des services de renseignement, âgés de 47 ans et 61 ans, seront jugés devant le tribunal correctionnel de Paris pour des infractions au secret défense, au secret professionnel, et pour révélation d'informations permettant l'identification d'une source, entre 2015 et 2022.

La justice reproche au journaliste, brièvement otage en Irak en 2004, d'avoir dangereusement levé le voile, dans son livre "Les Guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde Editions), sur la cuisine interne du principal service de renseignement travaillant sur la sécurité intérieure de la France.

Mais aussi d'avoir rendu possible l'identification de certaines sources humaines de la DGSI, ce qui les aurait mises en danger.

Six mois après la publication de l'ouvrage, la DGSI avait signalé à la justice ce livre à cause du "préjudice important" qu'il aurait causé.

L'enquête pénale s'est appuyée sur des éléments contenus dans un cahier de notes, retrouvé trois ans avant la publication du livre et qui aurait été égaré par M. Jordanov, et a tiré le fil d'anecdotes de l'ouvrage pour incriminer les trois protagonistes, mis en examen fin juin 2022.

Le journaliste a alors reçu le soutien de Reporters sans frontières, du Syndicat national des journalistes ou de l'Association confraternelle de la presse judiciaire.

Au cours de l'instruction, Alex Jordanov a défendu avoir voulu raconter une "aventure humaine d'agents du renseignement", assuré qu'il ne s'était jamais servi de documents classifiés et que son travail était du journalisme d'investigation, d'intérêt public.

Les juges d'instruction rappellent avoir dû "réaliser une balance des intérêts en présence", sachant que "la protection du secret des sources des journalistes doit être tempérée par l'objectif de sécurité nationale (...) et ne constitue pas une cause d'irresponsabilité pénale".

Pour les magistrats, le contenu du livre a "porté une atteinte importante à la sécurité nationale" et n'avait pas "d'utilité publique", car il porte surtout selon eux sur les "critiques" émises par d'ex-membres de ces services quant à leur évolution.

- Une "victime collatérale" -

Les avocats d'Alex Jordanov, Me Marie Cornanguer et Me William Bourdon, ont saisi la cour d'appel de Paris d'un recours.

"Il est strictement nécessaire à la défense de pouvoir contrôler l'existence d'une décision préalable de classification d'une information ou d'un support" évoqués dans le livre "puisque, sans cela, le délit de divulgation d'informations couvertes par le secret de la défense nationale ne peut s'appliquer", souligne Me Cornanguer.

"En tout état de cause, la relaxe sera demandée", ajoute Me Bourdon, car "Alex Jordanov est la victime collatérale d'une opération de la DGSI visant à intimider les journalistes d'investigation et les agents publics, dont l'indignation face à des graves illégalités les conduit à les révéler aux média."

Les juges reprochent aussi à M. Jordanov un passage du livre concernant une ancienne source syrienne des services de renseignement français, dans une opération appelée "Ratafia", des informations pourtant déjà publiées précédemment par Le Monde.

Ladite source aurait été "arrêtée, interrogée pour espionnage puis exécutée", affirme l'ordonnance des juges.

Selon les magistrats, cela a créé un "dysfonctionnement majeur sans précédent" et mis "à mal pour plusieurs années la relation de la DGSI avec un partenaire étranger".

"Des éléments en notre possession, nous n'avons aucune raison de valider une telle spéculation", conteste Me Bourdon.

Me Emmanuel Daoud indique lui que son client, le plus jeune des deux anciens policiers, "expliquera au tribunal l'état d'esprit qui était le sien à l'époque où il subissait un véritable harcèlement de la part de sa hiérarchie au sein de la DGSI, objet d'une instruction à Nanterre".

Son client n'avait pas "la volonté et l'intention de compromettre le secret de la défense nationale", assure Me Daoud.

L'avocate de l'autre policier n'a pas répondu à l'AFP.

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